Aperçu
La technologie judiciaire est en évolution rapide. Les Américains sont bombardés par l'expertise légale de haute technologie dans chaque émission de télévision ou film qu'ils regardent. Des Experts à MacGyver, les enquêteurs résolvent leurs affaires et leurs problèmes grâce à des technologies innovantes. Les membres d'un jury ne sont pas à l'abri de l'influence véhiculée par ce type de programmes ; ils s'attendent à ce que la technologie soit utilisée dans l'analyse d'une affaire. Ces affaires peuvent aller des accidents de la route aux enquêtes sur les incendies ou sur les défaillances structurelles, pour n'en citer que quelques-unes. En tant qu'ingénieurs judiciaires, résoudre un problème fait partie de notre travail, et le recours à des technologies de pointe est une évidence, pas toujours pour les avocats ou les experts en sinistre, mais indéniablement par les jurés.
Cet article traite de la numérisation 3D, des drones HD, de l'analyse vidéo et du logiciel d'analyse des données des systèmes de divertissement pour véhicule Berla iVe, et examine la façon dont ces éléments peuvent être utilisés dans le cadre d'une affaire.
De récents développements dans la technologie des scanners 3D ont propulsé la numérisation 3D sur le devant de la scène pour en faire un outil commun dans une large gamme d'enquêtes. Le scanner 3D permet de préserver une scène, ou son sujet, au format numérique avec davantage de précision que des diagrammes, des cartes ou des photographies, ce qui représentait jusqu'à présent la méthode classique. La technologie de numérisation 3D permet de générer rapidement une documentation détaillée sur 360 degrés d'une scène, d'un véhicule, ou d'une installation. Les durées habituelles de numérisation (qui varient en fonction des paramètres du scanner choisi) sont inférieures à 10 minutes par numérisation, des durées qui ne cessent d'ailleurs de baisser au fil de l'évolution de cette technologie. Lorsqu'un scanner 3D est utilisé pour une numérisation, très peu d'informations lui échappe. La vitesse et la précision de cette technologie se perfectionnent continuellement, et le temps passé sur un site pour capturer des informations détaillées ne fait que baisser. Si cet aspect est important dans les situations statiques (preuves stockées, route ouverte, etc.), il devient essentiel dans les enquêtes menées sur des lieux potentiellement dynamiques où le temps joue un rôle crucial.
La précision d'un scanner 3D fournit à l'utilisateur des données complètes qui ne sont pas cantonnées à un point spécifique, mais disponibles pour l'ensemble de la zone numérisée. Cela permet de garantir que le jour de l'incident, ou le lendemain ou même l'année suivante, les dimensions et les conditions visibles du lieu, des structures et des objets soient préservées. De tels cas de figure peuvent porter sur des fermetures temporaires de voirie en raison de travaux, ou un bâtiment présentant des dommages structurels ou résultant d'un incendie. Dans ces deux situations, le lieu ne restera pas tel quel, mais grâce à une numérisation 3D, une copie des visuels et des détails mesurables du lieu peut être stockée indéfiniment pour que ces informations restent exploitables à l'avenir, si nécessaire.
L'encart est une représentation numérisée d'un véhicule (photo 1). Chaque pixel que vous voyez est un point de donnée tridimensionnel. Avec plus de 50 millions de points de données, la documentation des dommages d'un véhicule est un processus simple. La quantité de données permet également d'accéder à des options complémentaires d'une grande utilité.
Les drones commencent à jouer un rôle majeur dans l'ingénierie judiciaire. Les plateformes de drones équipées de caméras 4K permettent d'obtenir une documentation vidéo ou photographique inégalée des sites de collisions actives ou anciennes, des lieux d'un incendie, des inspections de bâtiments, et des scènes routières (photo 2). Tout comme avec la numérisation 3D, la documentation obtenue à l'aide d'un drone est rapide et détaillée, avec une large gamme de perspectives, de la vue plongeante à celle de l'œil humain. Pour les zones étendues, le drone permettra d'obtenir une numérisation plus rapide de la scène qu'avec un scanner 3D classique. Le drone peut également fournir des données depuis un point de vue plus élevé, ce qui peut s'avérer nécessaire dans certaines enquêtes.
Les vidéos et les photos d'un drone sont capturées dans des formats numériques à haute résolution. Ces images en haute résolution, associées aux cibles sur le terrain, aux mesures de référence, ou aux données numérisées, permettent d'obtenir des informations d'une grande précision. La qualité exceptionnelle des photographies permet d'utiliser le logiciel Photomodeler, ou d'autres logiciels d'analyse.
Les drones sont également utilisés dans les animations vidéo. Les vidéos enregistrées à l'aide d'un drone peuvent être associées à des animations juridiques comme supports de démonstration lors d'une médiation ou d'un procès.
Les caméras embarquées et la vidéosurveillance occupent une place croissante dans nos vies tandis que leurs technologies deviennent plus abordables et accessibles. Les caméras embarquées sont utilisées aussi bien dans les grands parcs commerciaux, que dans les véhicules de plaisance ou les véhicules privés. Très souvent, la présentation de la vidéo enregistrée par une caméra embarquée suffit à clore une affaire ou une déclaration de sinistre. Dans de nombreux cas, la vidéo enregistrée par la caméra est utilisée pour obtenir des données plus précises sur le positionnement et la vitesse au moment de la reconstitution d'un accident. Les données de la caméra embarquée ou de la vidéosurveillance peuvent également être utilisées pour réfuter, confirmer, ou clarifier les témoignages.
La vidéosurveillance permet en outre d'obtenir des informations supplémentaires sur un accident ou un évènement. Les caméras de sécurité de nouvelle génération enregistrent au format HD. Les vidéos haute résolution ainsi obtenues offrent davantage de précision durant l'analyse. Sur les lieux d'une collision impliquant une intersection, une telle vidéo peut fournir des informations sur l'état des feux de signalisation au moment de l'accident, ainsi que sur l'emplacement exact de chaque véhicule. Dans une enquête sur un incendie, elle peut aider à déterminer l'origine, voire dans certains cas, la cause du sinistre.
L'analyse des données provenant des caméras embarquées et des vidéos de surveillance progresse elle aussi. Aujourd'hui, un logiciel issu de l'industrie cinématographique est utilisé pour analyser les données de vitesse et de distance. Ce logiciel, associé à la documentation de la scène et des véhicules, permet une analyse précise et une reconstitution détaillée des accidents et des incendies.
Un exemple de cette technologie est SynthEyes, qui met à la disposition des ingénieurs une gamme complète d'outils permettant d'extraire des données pertinentes des enregistrements des caméras embarquées et des vidéos de surveillance. L'encart représente un exemple de la technologie SynthEyes appliquée à la vidéo d'un accident enregistrée par une caméra embarquée (photo 3).
Les nouvelles technologies développées par BERLA et leur système d'expertise scientifique des véhicules iVe nous permettent d'acquérir les informations stockées dans un grand nombre de véhicules récents, y compris l'emplacement historique, les données opérationnelles du système (accélération rapide, freinage d'urgence, changement de vitesse, vitesse des roues, etc.), les appareils connectés et s'ils étaient en cours d'utilisation, l'horodatage, les géodonnées, et biens d'autres informations capturées par le véhicule. À la différence d'un EDR qui nécessite un évènement pour stocker les données pré et post-accident, ces informations sont enregistrées en continu dans les systèmes de divertissement et de télématique du véhicule. L'obtention de ces données permet d'en apprendre davantage sur les actions du conducteur avant l'accident, et au moment de l'accident. Dans l'éventualité d'un délit de fuite, les données peuvent établir si le véhicule était sur les lieux de l'accident à l'heure et à la date données. De plus, les données peuvent indiquer si l'un des appareils connectés au système de divertissement du véhicule était en cours d'utilisation au moment de l'accident.
En fonction des données disponibles dans le véhicule étudié, les informations obtenues peuvent aider à améliorer la précision de la reconstitution. Elles peuvent également être utilisées dans le cadre de plaintes pour conduite inattentive menant à une collision. Enfin, les informations peuvent fournir des détails sur le comportement au volant avant et au moment de l'accident. Dans le cas d'une collision impliquant un piéton ou un cycliste, lorsqu'aucun évènement n'est enregistré par l'EDR en raison d'un delta V trop court, les informations sur les paramètres et l'emplacement du véhicule, qui sont enregistrées en permanence, peuvent être un atout précieux pour la reconstitution.
Aujourd'hui, tout le monde veut ce qui se fait de mieux en matière de technologie. En tant qu'ingénieurs et enquêteurs, nous ne pouvons qu'être d'accord, mais nous avons également conscience que le but de notre travail est d'éduquer et d'expliquer. Ce qui rend ces technologies si importantes n'est pas seulement l'accès qu'elles permettent à des données exhaustives, mais aussi la multitude d'approches qu'elles rendent possibles. Les données obtenues grâce à la numérisation 3D et aux drones permettent de choisir le niveau de sophistication qu'un expert souhaite utiliser lors d'une affaire. En d'autres termes, il est possible d'adapter l'approche au public et à l'affaire. Par exemple, il peut être pertinent d'utiliser des illustrations graphiques en 2D d'une scène et des véhicules et de les présenter sur des chevalets devant un jury. Mais une image ou un modèle en 3D pourrait être utilisé pour donner une perspective différente de la scène, et le présentateur pourrait modifier le point de vue à la demande. Les données 3D de la scène et des véhicules pourraient aussi être utilisées avec une animation et des images fixes qui expliquent la reconstitution d'un accident, le fonctionnement d'une machine, ou le développement d'un incendie. Une autre option serait d'utiliser les données pour imprimer un modèle 3D réduit de la scène, du véhicule, du bâtiment, ou de la machine (photo 4). Cette méthode permet de présenter des démonstrations et des explications pratiques de l'analyse. On dit qu'une image vaut mille mots, et c'est bien souvent vrai.
La technologie est partout, et la salle d'un tribunal ne fait pas exception. La plupart des membres d'un jury s'attendent à ce qu'une technologie évoluée soit utilisée dès le début d'une enquête. La numérisation 3D, les drones 4K, les logiciels d'analyse vidéo, et les données issues des systèmes de divertissement et de télématique des véhicules sont à la pointe des avancées technologiques dans le cadre de la conservation des preuves et de l'analyse des accidents.
Le recours à des technologies évoluées offre davantage d'informations et d'options pour analyser et présenter les tenants et les aboutissants d'une affaire. Davantage d'informations et d'options peuvent également aider à déterminer la façon de traiter un sinistre ou une affaire.
Nous tenons à remercier Chris Stewart, PE et Jonathan Wolgemuth pour leurs connaissances et leur expertise qui ont grandement participé à la réalisation de cette étude.
Chris Stewart, PE est un ingénieur principal du cabinet de reconstitution d'accidents de J.S. Held. Il est spécialisé dans l'analyse des pannes de produits et la reconstitution d'accidents de la circulation impliquant des camions, des bus, des automobiles, des motos, des vélos et des piétons. M. Stewart utilise des technologies de pointe pour la préservation des preuves et la reconstitution des accidents.
Chris peut être contacté à l’adresse [e-mail protégé] ou au +1 407 707 5001.