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Réduction des catastrophes : informations clés pour les gestionnaires de risques et les dirigeants d'entreprise

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Introduction

La nécessité d'une gestion globale des risques associés aux catastrophes n'a jamais été aussi évidente. Ces dernières années, les tempêtes de grande ampleur, les tremblements de terre, les incendies de forêt, les tornades, les derechos et d'autres phénomènes exceptionnellement dévastateurs se sont multipliés. Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA, Administration nationale des océans et de l'atmosphère), le nombre de catastrophes d'une valeur d'un milliard de dollars a déjà atteint un niveau record au cours des huit premiers mois de l'année 2023. Que peut-on faire pour minimiser à la fois les répercussions néfastes et les coûts importants engendrés par ce type d'événements ?

Dans cet article, nous examinons les étapes essentielles de la résilience face aux catastrophes – préparation, atténuation et régénération – et approfondissons les pistes que peuvent emprunter les gestionnaires de risques et les dirigeants d'entreprise afin de sauvegarder leurs organisations.

Planification et prévention proactives en cas de catastrophe

La gestion des risques inhérents aux catastrophes ne commence pas par un sinistre, mais plutôt par son anticipation. Rédiger un plan de gestion des catastrophes sans faille est une excellente initiative, cependant, s'il n'est pas révisé, pratiqué et mis en œuvre, sa valeur demeure limitée. Outre la planification des mesures à prendre en cas de catastrophe, il convient de repenser en premier lieu l'ingénierie des biens immobiliers, afin de les rendre plus résistants aux phénomènes naturels extrêmes. Les modifications à effectuer dépendent souvent de la géographie et des types de risques encourus.

À titre d'exemple, dans l'ouest des États-Unis, la plupart des risques ont trait à la résistance aux séismes et aux incendies de forêt. Les mesures à prendre peuvent d'abord passer par l'évaluation de l'ingénierie sismique et par des transformations adaptées aux mouvements, ou par le recours à des matériaux de construction ignifugés visant à limiter l'impact des incendies de forêt.

Le sud et l'est des États-Unis se concentrent sur la tolérance aux ouragans, par le biais de volets anti-ouragans, d'enveloppes de bâtiment résilientes, de portes anti-inondation et/ou de structures surélevées. Dans le Midwest des États-Unis, on s'attendrait à une analyse de la résistance aux tornades et aux vortex polaires, ainsi qu'à une étude des forces exercées par le vent et des dispositifs d'isolation.

Les avantages de ces évaluations préalables ne se cantonnent pas à la diminution des pertes, mais contribuent souvent à la réduction des primes d'assurance, que celles-ci relèvent d'une captive d'assurance ou d'un contrat de couverture classique. Il est impératif que les dirigeants d'entreprise et les gestionnaires de risques collaborent avec leur courtier en assurance, pour analyser les options en matière de résilience et mettre en œuvre des solutions d'atténuation préalables aux catastrophes, afin de réaliser des économies sur les primes d'assurance.

Dans le cadre du plan de gestion des catastrophes, il convient de vérifier continuellement l'identité des prestataires et consultants auxquels il sera fait appel en prévision et à la suite de sinistres. À mesure qu'une entreprise évolue et se développe, notamment au niveau de ses biens immobiliers, elle doit évaluer activement, par exemple, si le sous-traitant et les conseillers sont en mesure de faire face à l'ampleur du sinistre.

Étude de cas : Ouragan Hilary 2023 | Ouest des États-Unis

Tandis que l'ouragan Hilary se renforçait dans l'océan Pacifique, sa trajectoire n'était pas encore précisément déterminée, et tous ceux qui se situaient sur son parcours potentiel disposaient d'un délai relativement court pour se préparer à l'impact, qu'il prenne la forme de pannes d'électricité, de vents violents, de pluies abondantes ou d'inondations.

Un hôpital de l'Utah, une région rarement confrontée à des ouragans ou à des tempêtes tropicales, a été victime d'une tempête tropicale. L'hôpital a souffert de pluies poussées par le vent à travers les ouvertures extérieures et les brèches créées par la tempête, lorsque que du bois provenant d'une propriété adjacente a transpercé la toiture. Le bâtiment a également été inondé par les eaux de ruissellement, les pluies abondantes ayant mis à rude épreuve le système d'évacuation des eaux pluviales, provoquant l'entrée de l'eau par les portes extérieures et sa remontée par les siphons du sol. Grâce à un plan d'intervention en cas de catastrophe, l'établissement disposait des coordonnées d'une entreprise de restauration capable de répondre aux besoins d'un hôpital de la taille et de la complexité de ce dernier. La société de rénovation s'est mobilisée et a immédiatement entamé des procédures de consolidation, en utilisant des barrages d'eau aux entrées, en recouvrant de bâches les ouvertures de l'enveloppe du bâtiment, en extrayant l'eau en grande quantité et en déshumidifiant les lieux afin de limiter les dommages indirects. Le lendemain, le gestionnaire de risques a déposé une demande d'indemnisation. La compagnie d'assurance a immédiatement contacté des consultants pour obtenir de l'aide.

Un consultant spécialisé dans la construction a été engagé pour évaluer l'ampleur du sinistre et fournir à l'assureur un ordre de grandeur relatif, afin que ce dernier puisse constituer des réserves et se conformer à ses obligations légales en matière de réserve, tout en mesurant les risques financiers. La compagnie d'assurance a également retenu les services d'un hygiéniste industriel pour travailler avec l'entreprise chargée de la restauration, afin de comprendre quels matériaux avaient été touchés par la catastrophe et à quel endroit, comment nous allions, en tant qu'équipe, atténuer les répercussions, limiter les interruptions d'activité tout en garantissant la sécurité des patients et des employés, et remettre les biens dans leur état d'origine le plus rapidement et le plus efficacement possible. Un expert-comptable a également été engagé par l'assureur pour estimer la perte opérationnelle engendrée par le sinistre. Cette intervention a permis non seulement le dédommagement de l'hôpital pour la perte de revenus, mais aussi l'évaluation de la portée du sinistre, en vue de donner à l'assuré et à l'assureur les moyens de garantir la continuité de l'activité. Lors du relevé du taux d'humidité effectué par l'hygiéniste industriel, on a découvert qu'un appareil d'IRM ainsi qu'un appareil de radiographie avaient été endommagés pendant la tempête. L'assureur en a été informé et un consultant en équipement a été engagé pour identifier les composants devant être remplacés par de nouveaux ou remis à neuf. L'hygiéniste industriel a supervisé les mesures d'atténuation afin de veiller à ce que les relations entre l'assuré, l'entrepreneur chargé de ces mesures et la compagnie d'assurance soient harmonieuses, en se mettant d'accord sur la portée desdites mesures, en examinant les matériaux réglementés et en vérifiant l'efficacité des actions menées.

Une fois les consultants et les entrepreneurs désengagés, toutes les parties concernées ont été invitées à faire le point sur les leçons que ce sinistre leur a appris. Le bilan des enseignements tirés est généralement l'étape oubliée d'un plan catastrophe. Ce processus permet à l'assureur, au contractant et aux consultants de comprendre ce qui a ou n'a pas fonctionné et comment chacun peut améliorer la situation en vue d'une catastrophe ultérieure.

Adapter la résilience aux risques géographiques

Comme indiqué dans le rapport Repenser la fiabilité énergétique avec les systèmes électriques modernes, l'adéquation des ressources électriques et la planification du portefeuille énergétique deviennent des questions de premier plan dans notre société en voie de décarbonisation. Par le passé, les conditions météorologiques influençaient principalement la demande, qui à son tour influençait la disponibilité des ressources. Avec les ressources reposant sur des onduleurs (IBR, pour « inverter-based resources »), telles que l'énergie éolienne et solaire, qui dépendent principalement des éléments atmosphériques, les conditions météorologiques extrêmes ont désormais un impact à la fois sur la demande et sur la disponibilité de l'énergie produite (c'est-à-dire sur les ressources intermittentes). Alors pourquoi connaissons-nous de plus en plus de « Black Sky Events », c'est-à-dire d'événements catastrophiques ou d'événements compromettant la fiabilité de l'électricité ? Ils englobent les catastrophes naturelles, les cyberattaques, les attaques physiques ou encore une combinaison d'incidents. L'impact qui en résulte peut se traduire par l'incapacité d'une compagnie d'électricité à rétablir le service de manière sûre et fiable. On peut citer comme exemple récent la tempête hivernale Uri de 2021, qui a eu un impact considérable sur le réseau électrique du Texas et qui a été à deux doigts de provoquer une panne totale et durable dans l'ensemble de l'État.

Alors que les méthodes de planification et d'adéquation des ressources continuent d'évoluer dans le contexte de la décarbonisation, il demeure primordial de maintenir les trois piliers de la gestion du réseau électrique : accessibilité financière, durabilité et fiabilité. La façon dont nous définissons le risque acceptable en matière de fiabilité du réseau doit évoluer au même rythme que les réseaux électriques eux-mêmes, et cela passe forcément par un réexamen des mesures et de la manière dont les résultats de ces dernières sont tarifés sur le marché.

Tirer les leçons d'une catastrophe en vue d'une amélioration continue

L'application d'un processus formel d'apprentissage à l'issue d'une catastrophe ou d'une quasi-catastrophe est un élément essentiel de la gestion des risques pour toute entreprise. Les informations obtenues grâce au dispositif d'apprentissage décrit ci-dessus doivent être diffusées dans l'ensemble des secteurs opérationnels de l'entreprise. Cela permettra à celle-ci de mieux comprendre les risques potentiels et les moyens de les atténuer ou de les éviter. Cette démarche d'enseignement doit s'inscrire dans le cadre d'un programme plus large de gestion des risques de l'entreprise, afin de s'assurer que les cloisonnements en matière d'information et d'opérations disparaissent dans l'ensemble de l'entreprise.

Des méthodologies similaires d'analyse des risques devraient être mises en œuvre dans toutes les unités opérationnelles afin d'identifier, de caractériser et de gérer des risques spécifiques. Cela permettrait d'obtenir une vue générale des risques répartis géographiquement et opérationnellement et d'améliorer l'efficacité de toutes les initiatives de gestion des risques prises en aval dans le cadre d'un programme de gestion des risques de l'entreprise. Des processus formalisés de gestion des risques et des outils logiciels sont utiles pour garantir la mise à jour des informations clés et pour s'assurer que toutes les activités génèrent des profils de risque particuliers au moyen de méthodes communes.

La mise en place d'une liste d'appel dans le cadre d'un plan d'intervention d'urgence (PIU) est une pratique courante qui illustre la valeur des informations actuelles dans le cadre de la planification des catastrophes. Un PIU est un plan d'action critique qui permet de réagir en temps réel à une catastrophe ou à un autre événement de crise. Connaître les résidents et les autres personnes, entreprises ou infrastructures touchées qui se trouvent dans le périmètre de risque identifié d'une structure permet de notifier en temps utile la nature d'une catastrophe et de prendre les mesures appropriées pour se mettre à l'abri.

Il n'est pas rare que ce type de données soit incomplet ou inexact, ce qui expose la cible à des risques potentiellement mortels et l'entreprise à des conséquences financières et à des atteintes à sa réputation. La solution consiste à mettre en œuvre un processus formel pour s'assurer que les informations restent actualisées et que les plans couvrent l'ensemble des dangers identifiés.

Conclusion

Les idées présentées dans cet article soulignent l'importance cruciale d'une planification proactive, d'une préparation méticuleuse et de la résilience face aux catastrophes inévitables.

Remerciements

Nous tenons à remercier our colleagues Steven Andersen, John Dulude, et Bill Zoeller, dont les connaissances et l'expertise ont grandement contribué à cette recherche.

Steven Andersen est vice-président principal chez J.S. Held's dans notre cabinet spécialisé en environnement, santé et sécurité (ESS). Steven a passé plus de 20 ans dans l'industrie de l'environnement, de la santé et de la sécurité, et dispose d'une expérience spécifique dans les systèmes de gestion des émissions de carbone, dans les systèmes de gestion des informations et dans l'intégration de données. Il endosse couramment le rôle de sponsor pour des projets d'implémentation à grande échelle, intervient comme consultant en stratégie environnementale, sociale et de gouvernance et en gestion de donnée. Il a par ailleurs assuré la fonction d'architecte technique dans le cadre de nombreuses implémentations de systèmes de gestion du carbone. En tant que fondateur et directeur général de Frosbyte Consulting, Steven était responsable de la stratégie, des partenariats et du développement d'entreprise. Sous la direction de Steven, Frosbyte est devenue une entreprise qui fournit des systèmes d'informations et de conseils ESG (environnement, social et gouvernance) et EHS (environnement, santé et sécurité) dans tous les secteurs industriels du monde entier.

Vous pouvez contacter Steven à l'adresse [e-mail protégé] ou au +1 368 209 1012.


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John Dulude est vice-président principal et dirige les services de transition énergétique au sein du cabinet environnement, santé et sécurité de J.S. Held. Fort de plus de 40 ans d'expérience au niveau national et international, John a passé la majorité de sa carrière au sein du secteur de l'énergie. Son expertise englobe la génération d'électricité hydroélectrique, fossile, nucléaire, éolienne et solaire, ainsi que les sites de transmission, la fiabilité des systèmes, l'évaluation des investissements, l'analyse de la génération, la finance, la sélection de l'équipement et les profils de charge. Il a géré des projets en Amérique du Nord, en Afrique, en Chine, au Vietnam et au Kazakhstan.

Vous pouvez contacter John à l'adresse [e-mail protégé] ou au +1 843 977 1441.


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Bill Zoeller supervise l'éventail de services Hygiène industrielle et Environnement bâti au sein du département Environnement, santé et sécurité de J.S. Held. Bill est diplômé de l'Université du Wisconsin La Crosse et possède une licence en microbiologie et en sciences biomédicales. Il compte plus de vingt ans d'expérience en hygiène industrielle, ayant participé à la conception de projets et à l'évaluation de l'assainissement à la suite d'événements catastrophiques causés par les eaux, les incendies et des effets biologiques sur les propriétés, ainsi qu'à l'examen des matériaux réglementés et aux demandes d'indemnisation en cas de pollution. Bill a acquis une vaste expérience dans divers projets, allant du secteur résidentiel à de grands et complexes projets de plusieurs millions de dollars dans les secteurs de la fabrication, des services de santé, de l'éducation, de la production agroalimentaire et des immeubles collectifs.

Vous pouvez contacter Bill à l'adresse [e-mail protégé] ou au +1 920 442 4195.

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