Capture et stockage du carbone : Nouveaux critères pour l'attribution de crédits au titre du géostockage du carbone

De nouveaux critères encadrent le marché des crédits de captage du carbone

L'International Emissions Trading Associate (IETA) a publié ses critères rigoureux pour l'attribution de crédits aux activités de géostockage du carbone. Les critères régiront les actions de réduction et d'élimination du dioxyde de carbone (CO2) menées en vue de l'obtention de crédits négociables. La publication des critères à la fin de l'année 2022 faisait suite à un processus de consultation d'un an avec les parties prenantes, les experts, les promoteurs, les investisseurs et les pays hôtes des projets.

Six garanties pour l'attribution de crédits au titre du géostockage du carbone

L'IETA a proposé des éléments méthodologiques et des garanties pour appuyer et guider l'attribution de crédits aux activités de géostockage du carbone sur les marchés du carbone. Les éléments méthodologiques décrivent les règles et les procédures permettant de quantifier les réductions de CO2 résultant des mesures de réduction et d'élimination. Ils comprennent six éléments fondamentaux :

1. Conditions d'application. Elles définissent les circonstances, les caractéristiques et les autres conditions qui s'appliquent au stockage géologique. Cela comprend les sources éligibles de CO2 capturé, le transport et les moyens de stockage.
2. Limites du projet et les fuites. Cela définit les émissions générées par les sources et les absorptions réalisées par les puits, qui doivent être mesurées et prises en compte lors des phases de capture, de transport et de stockage. Le périmètre doit également inclure les émissions qui se produisent en dehors du périmètre du projet (par exemple, les émissions en amont) et qui sont imputables à l'activité du projet.
3. Scénario de référence. Un scénario de maintien des activités normales est utilisé pour justifier une déclaration de réduction des émissions de GES et quantifier les réductions nettes d'émissions ou les suppressions de carbone. Les options pour établir un état initial sont des méthodes par projet (par exemple, les émissions historiques ou les émissions futures estimées sans captage de CO2) ou des méthodes basées sur des normes (par exemple, en utilisant les émissions de référence d'une activité comparable avec captage de CO2).
4. Additionnalité. L'activité de stockage du carbone doit permettre des réductions ou des éliminations d'émissions qui n'auraient pas eu lieu en l'absence de l'incitation du marché que constitue le crédit carbone. Il existe plusieurs façons de tester l'additionnalité d'un projet. Il s'agit par exemple de la technologie/première du genre, de l'excédent réglementaire ou de la complémentarité financière.
5. Non-permanence et responsabilité. Les sites de stockage géologique doivent convenablement être caractérisés, sélectionnés, aménagés, exploités et fermés de manière à limiter le risque d'inversion du CO2. C'est ce que l'on appelle communément le contrôle de qualité. Il convient également de prendre en compte l'allocation du passif, qui permet de répartir l'impact d'une éventuelle inversion de la valeur du carbone. Des garde-fous pour les cas de non-permanence peuvent être mis en œuvre par le biais de lois et de réglementations locales ou d'autres mesures de protection.
6. Suivi. Un suivi rigoureux est nécessaire pour quantifier les réductions ou les absorptions de CO2 admissibles (il s'agit notamment de mesurer les flux et les émissions liés aux infrastructures de captage et de stockage du CO2) et pour assurer la protection de la santé humaine et des écosystèmes naturels (par exemple, en vérifiant l'absence de fuites à l'intérieur et autour du site de stockage).

10 critères et points de contrôle pour un captage fiable du carbone

Les garanties de l'IETA identifient et contrôlent les impacts spécifiques et les risques associés au stockage du carbone. Il existe 10 critères et points de contrôle pour favoriser le déploiement sûr du captage du carbone. Il convient de noter que la non-permanence et le suivi concernent à la fois les volets méthodologiques et les garanties. Les 10 garanties peuvent être classées en trois catégories principales, décrites ci-dessous :

Acceptation des politiques

1. Significative et financièrement avantageuse dans le cadre de la lutte contre le changement climatique à l'échelle nationale.
   Les technologies de captage du carbone doivent être optimisées en termes de coûts et alignées sur les objectifs de Paris en ce qui concerne la stratégie nationale de réduction des émissions de chaque pays, tout en tenant compte des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.
2. Alignement sur les priorités de développement et les objectifs politiques nationaux.
   Les technologies de géostockage doivent être compatibles avec les plans de développement nationaux, les politiques et les programmes sectoriels du pays en matière de développement économique, énergétique et industriel.
3. Acceptation du public.
   Le captage du carbone ne devrait être crédité que lorsque le pays d'accueil a fait l'objet d'une concertation solide avec les parties prenantes et que les coûts/bénéfices sont acceptés.

Cadre légal et réglementaire et stockage sans danger

1. Base juridique pour l'injection et le stockage.
   Les activités de stockage du carbone qui sont reconnues par les normes internationales doivent d'abord se conformer aux lois et réglementations locales. Le pouvoir législatif est généralement exercé par le gouvernement local ou national (mais dans certains cas, il peut être exercé par des propriétaires terriens privés).
2. Sélection et aménagement efficaces des sites.
   L'espace géologique interstitiel pour le stockage du CO2 doit faire l'objet d'une procédure d'autorisation appropriée. La sûreté et la sécurité d'un site de stockage doivent être assurées par une bonne évaluation du site et par la prise en compte des plans de sélection, de développement, d'exploitation et de clôture du site.
3. Surveillance rigoureuse de l'exploitation et de la fermeture du site.
   Les activités de stockage géologique doivent faire l'objet d'un permis d'exploitation et être contrôlées par un organisme compétent.
4. Responsabilité pour l'inversion du carbone.
   La responsabilité de la permanence du CO2 dans une formation géologique doit être déterminée et des actions correctives doivent être mises en œuvre en cas de fuite sur le site de stockage.

Garanties environnementales et sociales

1. Évaluation des risques et de la sécurité.
   La géologie étant hétérogène, il faut considérer les risques uniques en matière de sécurité, de durabilité et de non-permanence. Il faut également tenir compte de l'incertitude inhérente au stockage géologique. Par conséquent, les caractéristiques spécifiques, les événements potentiels et les processus doivent être maîtrisés pour que les risques puissent être quantifiés.
2. Impacts environnementaux et sociaux.
   Les fuites de CO2 doivent être prises en compte dans le cadre des scénarios et des mesures doivent être prises pour maîtriser ces risques et incidences.
3. Durabilité
   Des avantages connexes tangibles, tels que ceux qui contribuent aux objectifs de développement durable des Nations unies, sont à démontrer. Il convient d'en tenir compte dans le cadre de l'évaluation du projet. La mise en œuvre peut s'accompagner de programmes de soutien aux communautés, d'un partage des connaissances et d'actions d'engagement.

Le développement des six volets méthodologiques de l'IETA et des 10 garanties clés marque une dynamique continue pour le stockage du carbone. L'Agence internationale de l'énergie prévoit que d'ici 2050, 7,2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone devront être capturées et stockées. Cela comprend non seulement le captage des sources industrielles ponctuelles, mais aussi le captage direct dans l'air. L'IETA prévoit que les volumes pourraient être beaucoup plus importants. Dans son propre scénario de zéro émission, l'IETA prévoit que 16 milliards de tonnes de captage seront nécessaires d'ici à 2050. L'IETA prévoit également que le commerce des crédits de captage du carbone jouera un rôle clé dans l'appui au déploiement de cette technologie.

Conclusion

Peu importe les volumes exacts de captage du carbone nécessaires dans un monde à zéro émission, le déploiement de cette technologie devrait connaître un essor considérable. Les volets méthodologiques et les mesures de garantie de l'IETA offrent une feuille de route pour garantir que la technologie de captage du carbone puisse être généralisée d'une manière qui tienne compte des impacts environnementaux et sociaux. Ce cadre permet également d'attribuer des crédits fiables pour le CO2 stocké, ce qui est essentiel pour assurer le respect de l'intégrité des mesures compensatoires. Le captage et l'élimination du carbone offrent aux entreprises la possibilité de traiter les émissions difficiles à supprimer et de démontrer de manière proactive leur engagement à contrôler les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance. La gestion proactive des risques ESG est un signal pour le marché que votre entreprise gère efficacement l'ensemble de son portefeuille de risques. Le marché boursier récompense une bonne gestion des risques. C'est maintenant qu'il faut créer de la valeur pour l'entreprise grâce à des performances ESG de premier choix. Frostbyte fournit une gamme complète de services ESG et de durabilité. Notre gestion des gaz à effet de serre est le fruit de deux décennies d'expérience directe dans tous les aspects de la quantification, de la prévision et du suivi des gaz à effet de serre. Nous aidons nos clients à comprendre les enjeux ESG actuels, à évaluer les risques et les opportunités liés à leurs activités spécifiques et à mettre en œuvre des plans, des processus et des systèmes de gestion performants. Découvrez comment nous pouvons vous aider !

Remerciements

Nous tenons à remercier nos collègues Daniel Artzer et Steven Andersen pour leur vision et leur expertise qui ont grandement contribué à cette recherche.

En savoir plus sur le contributeur J.S. Held

Daniel Artzer est consultant commercial principal au sein du cabinet Environnement, santé et sécurité (ESS) de J.S. Held. Daniel est un professionnel expérimenté et un expert prometteur, évoluant dans le domaine de l'EHS. Il a occupé de multiples fonctions EHS au cours de ses 10 années d'expérience, y compris en tant qu'ingénieur de direction, ingénieur en environnement senior et consultant en gestion senior. Ses domaines d'expertise comprennent l'analyse commerciale, la conformité réglementaire (surtout concernant la qualité des émissions atmosphériques), ainsi que la conception et la mise en œuvre de systèmes d'information pour l'environnement, l'hygiène et la sécurité. Il a beaucoup travaillé sur les suites logicielles EHS pour les entreprises, notamment Enablon et FirstCarbon Solutions. Il a officié en tant que gestionnaire du changement utilisant le modèle ADKAR de Prosci pour de grandes implémentations logicielles. Il possède également de l'expérience en tant que chef de projet associé supervisant le cahier des charges, le calendrier et les budgets.

Vous pouvez contacter Daniel à l'adresse [e-mail protégé] ou au +1 720 821 8074.