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Comprendre les défaillances des échafaudages : causes et prévention

J.S. Held publie ses perspectives sur les risques et les opportunités qui devraient avoir un impact sur les organisations en 2025

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Introduction : synthèse sur les effondrements et les défaillances en matière d'échafaudages

Un échafaudage est une structure élémentaire et temporaire, installée pour faciliter les travaux de construction ou la remise en état d'un ouvrage principal. Toutefois, sa conception ou sa mise en place ne reçoivent pas toujours l'attention qu'elles méritent. Pour complexifier la situation, il n'est pas rare qu'un échafaudage serve de soutien à une toiture provisoire de faible envergure ou à une large charpente provisoire s'étendant d'un côté à l'autre d'un bâtiment afin de faciliter les travaux de construction tout en protégeant les artisans, les matériaux de construction et les éléments nouvellement installés contre les intempéries.

Les demandes d'indemnisation liées à la défaillance d'un échafaudage entraînent souvent de lourdes pertes financières et des retards dispensables dans la réalisation d'un projet (Image 1). Cet article examine les facteurs courants qui contribuent à ces sinistres. Les informations qui suivent sont susceptibles de présenter un intérêt particulier pour les assureurs qui gèrent de tels sinistres, les avocats impliqués dans des arbitrages ou des litiges relatifs à des problèmes d'échafaudage ou pour toute personne devant répondre à des questions telles que :

  • Pour quelles raisons un échafaudage/une structure temporaire s'est-il(elle) effondré(e) ?
  • À qui peut-on imputer la responsabilité de l'effondrement d'un échafaudage ou d'une structure temporaire ?
  • Quelles sont les causes de la défaillance d'un échafaudage ou d'une structure temporaire ?
  • Je souhaite faire réaliser une contre-expertise relative à l'effondrement d'un échafaudage. Êtes-vous en mesure de l'effectuer ?

 

Image 1 - Effondrement d'une charpente provisoire soutenue par un échafaudage.

Causes de l'effondrement d'un échafaudage

La cause d'un sinistre dû à l'effondrement d'un échafaudage peut être envisagée du point de vue de la conception et de la construction. La structure d'un échafaudage est généralement réalisée par un ingénieur, qui peut être engagé par le fabricant ou par le fournisseur ou installateur. Ces échafaudages ne sont normalement pas conçus pour supporter d'autres structures telles qu'un toit ou un auvent provisoire, en plus des charges prévues que sont les planchers ou plateformes de l'échafaudage et les travailleurs du bâtiment (c'est-à-dire la charge vive). En l'absence d'homologation pour supporter des charges supplémentaires provenant d'une structure provisoire, l'entrepreneur peut faire appel à un ingénieur professionnel pour examiner et approuver le montage de l'échafaudage. De même, ce dernier est souvent également chargé de concevoir et d'approuver le toit ou l'auvent provisoire. Parmi les problèmes fréquemment constatés qui contribuent à des sinistres découlant des services d'ingénierie, nous pouvons citer :

  • La charge de vent exercée sur l'échafaudage ou sur le toit/l'auvent provisoire n'a pas été prise en compte convenablement et a été sous-estimée.
  • La charge de neige n'a pas été prise en compte dans la conception de la charpente ou de l'auvent provisoire au sommet de l'échafaudage, avec des moyens de déneigement peu commodes.
  • Les fixations utilisées pour maintenir l'échafaudage sur l'ouvrage principal ne sont pas adaptées, soit parce qu'elles ne sont pas assez profondes, soit parce qu'elles sont trop grandes par rapport au support. Si les fixations ne sont pas installées assez profondément dans le support ou à une distance inadéquate des bords, les points d'ancrage ne seront pas dotés des capacités de cisaillement et d'arrachement nécessaires. Par exemple, des tirefonds d'un diamètre de 1/2 po ou plus ne doivent pas être placés sur la face étroite d'un poteau 2x.
  • Le devoir de diligence n'a pas été exercé lors de l'examen sur le terrain du montage de l'échafaudage et du toit/de l'auvent provisoire. Aucune irrégularité n'a-t-elle réellement été constatée lors de l'examen sur le terrain ? Le montage de ces structures a-t-il été véritablement réalisé 100 % conformément au cahier des charges ?
  • L'omission ou la pose incorrecte des goupilles de verrouillage d'un échafaudage peut ne pas avoir été détectée par le professionnel chargé de la conception lors des contrôles menés sur le terrain (Images 2 et 3).

 

Image 2 - Goupilles de verrouillage classiques d'un échafaudage.

 

 

Image 3 - Omission d'une goupille de verrouillage sur un échafaudage.

 

Les problèmes les plus fréquemment constatés contribuant à un sinistre lié aux méthodes de montage sont notamment les suivants :

  • Planche d'appui (ou plaque de base) sous-dimensionnée [1], omission de la plaque de base, ou plaque de base mal positionnée (Image 4).
  • Plaque de base réglable hors d'aplomb [2], entraînant une condition de charge excentrique.
  • Omission des goupilles de verrouillage entre les poteaux verticaux (Image 3 ou 5).
  • Manquement par rapport aux aspects de la structure, ce qui est particulièrement le cas en ce qui concerne l'ancrage des échafaudages :
    • utilisation de fixations non spécifiées ;
    • espacement exagéré des ancrages ;
    • enfoncement insuffisant des fixations dans les éléments de support ;
    • fixation à des éléments non spécifiés (par exemple, contreplaqué) ;
    • distance insuffisante des fixations par rapports aux bords (c'est-à-dire que la fixation est trop grande par rapport à la largeur de l'élément).

Il est intéressant de noter que la désolidarisation des montants verticaux illustrée sur l'Image 5 a été constaté à différents endroits sur un site à la suite d'un sinistre. Cette désolidarisation est directement imputable à l'absence de goupille de verrouillage. Cependant, ni l'entrepreneur ni l'ingénieur qui a procédé à un examen ultérieur sur le terrain n'ont remarqué l'absence de la goupille.

 

Image 4 - Planche d'appui mal positionnée.

 

 

Image 5 - Montants désolidarisés en raison de l'omission de goupille de verrouillage.

 

La conception d'un échafaudage est habituellement réalisée conformément aux codes, réglementations et normes de construction en vigueur. Par exemple, à l'heure actuelle, les documents de référence suivants s'appliquent au Canada :

  • Code national du bâtiment du Canada 2020, ou Code du bâtiment spécifique aux provinces, tel que le BCBC 2024, ou Municipal Building Bylaw comme le 2019 Vancouver Building Bylaw (VBBL 12511) ;
  • CSA Z797-2018 - Code de pratique pour les échafaudages d'accès ;
  • CSA S269.2 - Échafaudages d'accès pour les travaux de construction ;
  • divers codes relatifs aux matériaux (le cas échéant) tels que le CSA O86-19 - Règles de calcul des charpentes en bois.

Les échafaudages sont de fait considérés comme des structures temporaires. Par conséquent, la conception et la mise en place de ce type de structure ne font pas l'objet d'un devoir de diligence. Toutefois, le professionnel chargé de la conception doit faire preuve d'un niveau de diligence adéquat dans la conception des échafaudages et dans la réalisation de contrôles sur le terrain pour s'assurer que le montage respecte l'ensemble du cahier des charges. Les éléments tels que les goupilles de verrouillage, les planches d'appui, les plaques de base, les entretoises diagonales, les fixations, etc., doivent être vérifiés en ce qui concerne les spécifications, les dimensions, l'aplomb, l'enfoncement et la distance minimale par rapport aux bords. Bien qu'il ne soit pas obligatoire de faire examiner les plans de conception par des pairs avant de délivrer l'autorisation de montage des structures, il s'agit d'une bonne pratique qu'il est prudent de mettre en place. Ainsi, toute erreur potentielle existant dans l'analyse d'origine et sur les plans peut être atténuée, voire supprimée, réduisant le risque de sinistre.

Charges environnementales

L'application de la conception sismique n'est pas exigée pour les structures temporaires telles que les échafaudages. Cependant, ces dernières doivent être conçues pour accepter un minimum de 2 % des charges de gravité (c'est-à-dire les charges permanentes et vives) en tant que force latérale de niveau de service (c'est-à-dire non pondérée). Cette charge doit être utilisée à la place des forces sismiques exigées par le code applicable dans les combinaisons de charges impliquant des forces sismiques. Si le code applicable ou l'autorité compétente le permet, d'autres charges environnementales telles que les charges de vent ou de neige peuvent être réduites en appliquant un facteur inférieur à 1,0 ou en utilisant une valeur correspondant à une probabilité annuelle de dépassement plus élevée, par exemple de 1 sur 30 au lieu de 1 sur 50.

Conclusion et atténuation des défaillances en matière d'échafaudages

Les sinistres impliquant des structures temporaires telles que des échafaudages peuvent être limités par le professionnel chargé de la conception et l'entrepreneur s'ils font preuve d'un devoir de diligence, notamment grâce aux méthodes suivantes :

  • Prendre en compte avec précision l'ensemble des charges théoriques applicables, en particulier la charge de vent, lors de l'élaboration des plans de conception.
  • Dimensionner les fixations de manière appropriée en matière de diamètre et de pénétration dans l'ouvrage principal.
  • Faire examiner les plans par un collègue expérimenté ou une tierce partie (examen par les pairs) avant de délivrer l'autorisation de montage.
  • Procéder à des contrôles minutieux sur le terrain pour s'assurer que la mise en place des structures temporaires et leur ancrage sont effectués en conformité avec l'ensemble du cahier des charges.
  • Monter l'échafaudage, y compris les ancrages, conformément aux plans de conception, et n'utiliser d'autres fixations qu'après avoir obtenu l'aval de l'ingénieur avant la mise en œuvre.

En suivant ces recommandations, il est possible d'atténuer le risque de défaillance en matière d'échafaudages ou de charpentes provisoires.

Remerciements

Nous tenons à remercier notre confrère Kenny Yip, P.Eng, P.E., S.E., M.ASCE, qui nous a fait bénéficier de ses connaissances et de son expertise, ce qui a grandement contribué à la réalisation de cette étude.

Kenny Yip est ingénieur structurel principal au sein du cabinet d'architecture judiciaire et d'ingénierie de J.S. Held. Il compte 25 années d'expérience dans le domaine de l'ingénierie structurelle et du conseil. Il a consacré les neuf premières années de sa carrière à travailler en tant qu'ingénieur concepteur de structures aux États-Unis sur des projets divers, notamment des structures résidentielles, commerciales, institutionnelles, de santé, industrielles et de services publics souterrains. Depuis 2008, Kenny se consacre principalement aux bâtiments existants et propose des services dans les domaines suivants : évaluation de l'état des structures, enquête et remédiation, évaluation sismique et modernisation, demandes d'indemnisation et conseils juridiques liés aux structures, enquête sur les normes de diligence et améliorations locatives. Aujourd'hui, Kenny axe ses activités professionnelles sur les enquêtes en matière de normes de diligence, proposant ses services à des clients des secteurs de l'assurance et du contentieux.

Kenny peut être contacté à l’adresse [e-mail protégé] ou au +1 778 561 2119.

Références

[1] Une planche d'appui est généralement constituée d'une pièce de bois de taille adéquate utilisée pour répartir la charge de la plaque de base au sol.

[2] Une plaque métallique munie d'un vérin à vis permettant de mettre à niveau les montants. Les montants sont aussi appelés poteaux ou tubes.

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